Shaykh Al Albânî débattant avec un adepte de la célébration du mawlid (partie 1)

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Shaykh Al Albânî : la célébration de la naissance du noble Prophète ﷺ est-elle un bien ou un mal ?

L’adepte du mawlid : un bien !

Shaykh Albânî : d’accord, le messager d’Allâh ﷺ et ses compagnons ignoraient-ils ce bien ?

L’adepte : non.

Shaykh : là, je ne puis me satisfaire de ton « non ».  Plutôt, tu te dois de dire plus que cela, de dire « c’est impossible ». Il est impossible que ce bien, s’il s’agit vraiment d’un bien, ou autre que cela soit ignoré du messager d’Allâh ﷺ et de ses compagnons. Quant à nous, nous ne connaissons la foi et l’islâm que par la voie de Muhammad ﷺ. Comment pourrions-nous alors avoir connaissance d’un bien que lui aurait ignoré ? C’est chose impossible.

L’adepte : Célébrer la naissance du Prophète ﷺ revient à revivifier sa mémoire et à l’honorer.

Shaykh : nous connaissons cette philosophie. Nous l’avons entendue chez beaucoup de gens, nous l’avons lue dans leurs livres… mais lorsque le Messager ﷺ prêcha aux gens, le fit-il en appelant à l’islâm dans son entier ou les appela-t-il au tawhîd ?

Adepte : au tawhîd.

Shaykh : la première chose à laquelle il les appela fut le tawhîd. Ensuite les prières furent prescrites, puis le jeûne fut prescrit puis le hajj et ainsi de suite. Ainsi, tu te dois de cheminer sur cette sunna légiférée pas à pas.

Nous sommes donc d’accord qu’il est impossible que nous puissions avoir avec nous un bien que le messager d’Allâh ﷺ aurait ignoré. N’est-ce pas ?

J’ai prononcé plus avant quelques mots sur lesquels deux personnes ne pourront s’opposer, à savoir : que nous avons connu tout le bien par la voie du messager d’Allâh ﷺ. Éprouves-tu des doutes ou défiances à cela ?

Adepte : non.

Shaykh : j’ai la conviction que n’est pas musulman celui qui en douterait. Et parmi les hadîths du Messager ﷺ venant corroborer ce discours, nous avons sa parole ﷺ : « je n’ai pas laissé une chose qui vous rapproche d’Allâh sans vous l’avoir ordonnée ». Si le mawlid était une bonne chose, faisant partie de ce qui nous rapprocherait à proximité d’Allâh alors le messager d’Allâh ﷺ nous y aurait guidés. Vrai ou faux ? Je ne veux pas juste te voir accepter tout mot que je prononce sans en être convaincu. Tu as toute liberté pour me dire « désolé, mais je ne suis guère convaincu par ce point ». Y a-t-il donc quoi que ce soit de prononcé jusqu’ici qui ne t’aurait pas convaincu ou es-tu d’accord ?

Adepte : non du tout.

Shaykh : qu’Allâh te récompense en bien. Ainsi, « je n’ai pas laissé une chose qui vous rapproche d’Allâh sans vous l’avoir ordonnée ». Nous disons, après t’avoir entendu mentionner shaykh Untel, et d’ailleurs nous nous adressons à tous les mashaykhs autorisant le mawlid : vous prétendez que le mawlid est une bonne chose ; donc de deux choses l’une : soit le messager d’Allâh ﷺ nous l’aurait enseigné soit il ne nous l’aurait pas enseigné. S’ils disent « certes, il nous l’a enseigné » alors nous leur répondons {«Donnez votre preuve, si vous êtes véridiques»} (trad relat) et jamais ils ne le pourront. Nous avons lu, concernant ce sujet, les livres d’Al ‘Alawî et ceux d’autres que lui, dans lesquels ils n’apportent aucune preuve si ce n’est de dire qu’« il s’agit d’une bonne innovation ». Ils disent qu’il s’agit d’une bonne innovation. Cela revient à dire que tous ceux célébrant le mawlid mais aussi tous ceux réprouvant cette célébration s’accordent sur le fait que ce mawlid n’existait pas du temps du Messager ﷺ ni du temps des nobles compagnons ni du temps des illustres imâms. Ils s’accordent tous sur ce point. Par contre, ceux qui permettent cette célébration amènent des choses, comme tu l’as dit, à savoir que ce mawlid n’est que prière sur lui etc. Mais nous répondons que si ce bien en était vraiment un alors ils nous y auraient précèdés.

Tu dois connaitre le hadith du Messager ﷺ : « Les meilleurs gens sont ceux de ma génération, puis ceux qui les suivent puis ceux qui les suivent ». Tu dois surement le connaitre. « Les meilleurs gens sont ceux de ma génération », c’est-à-dire l’époque durant laquelle ont vécu le Messager et les compagnons. Les voilà les meilleurs des gens. «Puis ceux qui les suivent », c’est-à-dire les tabi’înes ; «Puis ceux qui les suivent », c’est-à-dire les successeurs des tabi’înes. Tel est le texte du hadît du Messager ﷺ, il se trouve dans les deux authentiques, alBoukhârî et Muslim, et il n’existe nulle divergence entre les musulmans concernant ce point. Ainsi, peux-tu imaginer qu’il puisse exister un bien dans lequel nous, nous les aurions précédés en science et en œuvre ? Est-ce possible ?

L’adepte : par Allâh, ô shaykh, en terme de science, si le messager d’Allâh ﷺ avait parlé, en son temps, à ceux qui étaient avec lui, de la rotation de la terre…

Shaykh Al Albânî : excuse-moi mais je ne t’ai pas interrogé au sujet de la science seule. J’ai évoqué deux points : la science et l’œuvre. Tu as seulement répondu concernant le point de la science. Et en réalité, ta déviation-ci m’est bénéfique puisqu’en mentionnant la science, celle à laquelle je faisais allusion était la science religieuse, et non celle de la médecine par exemple. Et je pourrai dire qu’il existe un médecin plus savant qu’Avicenne en son temps, car il serait venu après de longues générations et après beaucoup d’expérimentations médicales. Mais, cela ne le rendrait pas digne d’éloges auprès d’Allâh ni ne lui octroierait préséance sur les générations précédentes, celles à la vertu témoignée. Par contre, il serait loué concernant sa science. Mais, nous, qu’Allâh te bénisse, nous parlons de la science religieuse. Tu te dois de le garder à l’esprit. Dès lors, lorsque je t’ai demandé si tu pouvais croire que nous puissions être plus savants, c’était de science religieuse dont je parlais et non de sciences telles que la géographie, l’astronomie, la chimie et la physique. Et on peut supposer, à titre d’exemple, qu’en ces temps-ci, existerait un polythéiste ne croyant pas en Allâh et Son messager mais qui serait le plus savant des gens dans une de ces sciences. Cela le rapprocherait-il à proximité d’Allâh ?

L’adepte : non.

Shaykh Al Albânî : dès lors, nous ne parlons pas ici de ces portées de connaissances ; plutôt, nous parlons de la science par laquelle nous voulons nous rapprocher d’Allâh Tabâraka wa Ta’âlà.  

Nous parlions donc de la célébration de la naissance du noble Prophète. Je reviens à la question en espérant une réponse limpide, sans seconde déviation du sujet. Je te demande donc : peux-tu être convaincu, selon ce que tu possèdes de raison, de compréhension, d’intelligence et de saine nature, qu’il nous soit possible, à nous qui sommes à la fin des temps, d’être plus savants que les compagnons, que les tabi’înes et que les imâms mujtahids dans la science religieuse ? Peut-on être devancer les pieux prédécesseurs quant aux œuvres de bien et au rapprochement d’Allâh ?

L’adepte : concernant la science religieuse, y incluais-tu la science de l’exégèse du Qur’ân ?

Shaykh Al Albânî : je dis qu’ils sont plus savants que nous quant à l’exégèse du Qur’ân, qu’ils sont plus savants que nous quant à l’explication des hadîths du Messager ﷺ. Ils sont, en fin de compte, plus savants que nous concernant la législation de l’Islâm. En doutes-tu ?

L’adepte : concernant l’exégèse du Qur’ân, nous pouvons en savoir plus qu’au temps du Messager ﷺ. Par exemple, le verset {et tu verras les montagnes – tu les crois figées – alors qu’elles passent comme des nuages. Telle est l’œuvre d’Allâh qui a tout façonné à la perfection. Il est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites !} (trad relat) : si le Messager ﷺ leur avait dit que la terre tournait, aurait-il été cru ? Personne ne l’aurait cru.

Shaykh Al Albânî : tu veux donc, et ce sans offense, que nous enregistrions une seconde déviation contre toi. Mon frère, j’ai interrogé sur un tout et non une partie de ce tout. J’ai posé une question d’ordre générale. L’Islâm est comme un tout : qui en est le plus savant ?

L’adepte : bien entendu, le Messager ﷺ et ses compagnons. 

Shaykh Al Albânî : c’est ce que nous attendions de toi, qu’Allâh te bénisse. Ensuite, (la science de) l’exégèse, autour de laquelle tu gravites, n’a aucun corollaire avec les actes ; elle a un lien avec l’intellect et la compréhension. Nous avons déjà abordé ce verset avec toi, nous t’avons démontré que ceux disant qu’il prouverait la rotation de la terre sont dans l’erreur, étant donné que ce verset concerne le jour de la résurrection, {au jour où la terre sera remplacée par une autre, de même que les cieux et où (les hommes) comparaîtront devant Allâh, l’Unique, le Dominateur Suprême} (trad relat). Quoi qu’il en soit, nous ne parlons pas de ce sujet et je te concède, pour des raisons argumentatives, qu’il puisse exister un homme parmi les derniers qui en sache plus sur les sciences scientifiques ou sur les sciences naturelles qu’un compagnon ou un tabi’î etc. Mais cela, qu’Allâh te bénisse, n’a aucun rapport avec les œuvres vertueuses qui nous rapprochent à proximité d’Allâh. Aujourd’hui, par exemple, et je te le dis clairement, les mécréants sont plus savants que nous sur ces sciences géographiques et astronomiques, n’est-ce pas ? Mais que vont-ils en tirer comme bénéfice ? Rien du tout ! Dès lors, nous ne voulons pas creuser ce rien du tout, nous voulons parler de tout ce qui nous rapprochera à proximité d’Allâh. Donc, nous allons revenir à la commémoration de la naissance du noble Prophète. Nous étions d’accord à dire que si ce bien était vraiment un bien alors nos pieux prédécesseurs – et à leur tête Mohammad ﷺ, en auraient été plus savants que nous et nous aurait devancés à le mettre en pratique si cela avait été un bien. Existe-t-il un quelconque doute sur ces paroles ?

L’adepte : absolument aucun.

Shaykh Al Albânî : dès lors, ne t’écarte pas de ce sujet, nous amenant des points de science astronomiques n’ayant aucun lien pour l’Homme qui voudrait se rapprocher d’Allâh par des œuvres pieuses. Ainsi, ce mawlid, ainsi « ce bien » n’existait pas au temps du Messager, ni au temps des compagnons, ni des tabi’înes ni des imâms mujtahid. Comment ce « bien » aurait-il pu leur échapper ? De deux choses l’une : soit ils connaissaient ce « bien » tout comme nous le connaissons, sachant qu’ils sont plus savants que nous ; soit, ils n’en avaient pas connaissance et comment nous, nous avons pu en avoir connaissance ?

jusqu’à 12min30

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