La parole des gens de masse est portée par les règles générales et non pas par les règles de la langue arabe.

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Question : Quel est le jugement sur le fait de dire « mabrouk » ou « elf mabrouk » à titre de congratulation ?

Shaykh Soulaymâne Ar Rouhaylî : Demander la bénédiction d’Allâh est une chose requise, et tout particulièrement lorsque tu vois ou entends ce qui te plaît, sur toi-même, sur ta famille ou ton enfant, sur ce que tu possèdes, sur tes voisins, ou tes coreligionnaires. Ce qui est requis est d’invoquer la bénédiction d’Allâh en leur faveur, disant alors « tabârakaLlâh » ou « bârakaLlâh » ou « Allâhoumma bârik », dans le sens de « ô Allâh maintiens ce bien ». C’est pourquoi il est le remède du mauvais œil avant même qu’il ne se produise. Et parmi les invocations de la bénédiction, il y a le fait que tu dises à celui qui a accompli une bonne action ou a reçu une bonne chose « moubârakoun », c’est-à-dire : « je demande à Allâh de le rendre béni ». Ce qui est correct est de dire « moubârak ».

Quant à « mabrouk », il est contraire de l’objectif voulu. Car « mabrouk » est une invocation contre lui et non pas en sa faveur. Il en est de même pour « elf mabrouk ».

Mais, ô frères, j’attire l’attention sur quelque chose que les savants ont établi, à savoir que la parole des gens de masse est portée par les règles générales et non pas par les règles de la langue arabe. La parole des gens de la masse dans tous pays, est portée par les règles générales et par les significations générales, et non pas par les règles de la langue arabe les définitions dans les dictionnaires. Non ! Si une personne de la masse s’adresse à nous, on ne prend pas en considération les règles d’arabe. Par exemple, si une personne de la masse vient ayant dit à son épouse « si tu sors de la maison, tu es divorcée », « tu es divorcée si tu sors de la maison ». Cela existe et est courant chez les gens de la masse. Mais, si on la soumettait aux règles de la langue arabe, cette parole ne serait pas correcte. Car lorsque la réponse (à une conditionnelle) est une phrase nominale, elle doit obligatoirement être précédée de la particule « fa ». Sinon, elle ne serait pas considérée comme réponse (à la condition).  S’il lui avait dit dans la langue arabe : « si tu sors de la maison, alors (fa) tu es divorcée », cela est bel et bien une réponse à son « si tu sors de la maison ». Mais s’il lui dit, en langue arabe, « si tu sors de la maison, tu es divorcée », il s’agirait alors d’un divorce isti’nafi (dans une nouvelle phrase). Porter son attention sur la condition est rompue et c’est comme s’il lui avait dit « tu es divorcée ».Il s’agirait dès lors d’un divorce effectif et non pas lié à une condition. Où trouve-t-on cela ? Dans les règles de la langue arabe. Mais en considération des règles de gens de la masse, cela constitue un divorce suspendu à une condition. S’il lui dit « si tu sors de la maison, tu es divorcée », il a lié son divorce à sa sortie de la maison. Car cette formulation est permise chez les gens de la masse.

Faites donc attention les frères. Du point de vue des règles, on analyse les règles de la formulation selon les règles des gens de la masse et non pas les règles de la langue arabe. Et il en est de même du point de vue des significations. L’enfant ou les enfants, dans la langue arabe et dans la législation, se réfèrent aux garçons et aux filles. {Voici ce qu’Allâh vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles} (trad relat). Dans la langue et la législation, les enfants sont donc les garçons et les filles. Bien. Disons qu’un homme aurait écrit un testament en y stipulant « je lègue tel appartement aux enfants de mon voisin X ». A sa mort, ils viennent à toi avec le testament et te le lisent. À qui vas-tu dès lors attribuer l’appartement ? Si tu regardes dans la langue arabe ainsi que dans le sens religieux, tu dirais alors l’attribuer aux garçons et aux filles parmi les enfants de ce voisin. Mais si tu regardes nos coutumes – et moi je parle ici de nos propres coutumes, je ne connais pas les coutumes des autres arabes- l’enfant, c’est le garçon. Et la fille dans nos coutumes n’est pas appelée enfant. Donc ce que cette personne entendait ici par enfants, ce sont les enfants mâles de ce voisin. Et les gens de la masse de nos jours, considère que mabrouk c’est moubârak. Et elf mabrouk signifie invoquer Allâh pour la bénédiction.

Donc cela, nous ne le réprouvons pas ; par contre, nous les orientons vers ce qu’il y a de meilleur. Ce n’est pas une chose blâmable que de les prononcer ainsi puisque leurs sens sont corrects. Mais, nous les orientons vers ce qu’il y a de meilleur en leur disant : « dis moubârak ». Nous les dirigeons donc vers ce qu’il y de mieux. Et il incombe que les muftis et les étudiants en science y prêtent attention.

À tel point que les savants ont stipulé que dans la fatwa, lorsque celui qui demande un avis juridique s’adresse à toi dans son dialecte, tu te dois connaître le sens des mots dans son dialecte et ne pas te baser sur ce que toi, tu connais dans les significations. Et tu demandes les détails : « que voulez-vous dire par cette parole ? », « qu’entendez-vous par cette parole ? ». Car en ne le faisant pas, tu tomberas dans l’erreur. Et je vous ai déjà cité un exemple : un vieil homme du Soudan envoya une question à un cheikh « quel est le jugement de se rendre aux khalâwiy ? », le cheikh répondit « se rendre aux khalâwiy n’est pas permis car cela fait partie de l’entraide dans le péché et la transgression, et à augmenter le nombre des partisans de l’innovation religieuse ». Car nous, nous comprenons des khalâwiy qu’il s’agit de lieux de soufis, al khalwâ as-soufiya, les zaouiya. Mais nos frères, au Soudan, entendent par al khalâwiy les cercles d’apprentissage du Qur’ân. La signification est complètement opposée. C’est pour cela que celui demandant une fatwa à un savant qui ne comprend pas son dialecte se doit d’informer le savant quant aux significations. Et le mufti doit questionner pour demander des détails.

Ainsi, ô étudiants en science, prenez garde ! Je vois quelques étudiants en science ne connaissant pas l’anglais, tout comme moi d’ailleurs ! Leur vient un homme voulant demander une fatwa sur une affaire de sa religion mais il ne parle qu’en anglais, et le frère ne comprend qu’une infime chose. Et l’homme s’exprimant en anglais et l’autre essaie (de comprendre) et réponds : « hein hein d’accord ça n’est pas permis, no no ». Cela ne t’est pas permis jusqu’à ce que tu comprennes son propos, et ce même si ton but est de conseiller cet homme, ce n’est guère permis, jusqu’à ce que tu comprennes ses paroles. C’est pourquoi, parfois certains frères viennent à moi, ils s’expriment en arabe mais ils utilisent des mots ou anglais ou français dans leur discours, car il ne comprend pas encore très bien l’arabe. Je lui dis alors d’aller voir un frère, d’écrire la question toute entière en arabe et ensuite de me l’exposer. Car c’est ce que nous avons appris dans les fondements, nous l’avons appris de nos mashaykh dans la bienséance de la délivrance de fatwa, et qu’une personne de doit émettre de fatwa que s’il a compris le questionneur, a connu le jugement et en est serein. Tu dois obligatoirement comprendre la question, ensuite tu n’émets de fatwa qu’avec science, tout en étant serein. Si jamais tu doutes, il ne t’est absolument pas permis de donner de fatwa. Mais, tu demandes un délai. Il ne nous est donc pas permis de donner de fatwa les frères, que si nous avons compris la question et que nous connaissons la réponse. Et si nous avons un doute dans une de ces deux choses alors nous nous abstenons de répondre.

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