Explications d’un ensemble d’invocations prophétiques: « ’ô Allâh, je cherche protection auprès de Toi contre la faiblesse et la paresse, contre la poltronnerie et la décrépitude (…)»

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Shaykh AbderRazzâq Al Abbâd: Frères, nous en venons ensuite à un autre hadîth dans lequel se trouve une grandiose invocation que notre Messager ﷺ employait. Il s’agit de l’invocation rapportée dans le hadîth d’Anas Ibn Mâlik, qu’Allâh l’agréé, qui a dit que « le Prophète d’Allâh  disait : ‘’ô Allâh, je cherche protection auprès de Toi contre la faiblesse et la paresse, contre la poltronnerie et la décrépitude. Et je cherche protection auprès de Toi contre le châtiment de la tombe. Et je cherche protection auprès de Toi contre les épreuves de la vie et de la mort’’», rapporté par alBoukhârî et Muslim. Et cette invocation, ô frères, contient sept choses contre lesquelles le Prophète ﷺ a cherché protection.

La première : sa recherche de refuge contre la faiblesse, qui est le contraire de la force et de la capacité. Son origine est la remise à plus tard, tirée de l’incapacité qui est le fait de retarder une chose. L’acte de celui ajournant une chose ou différant son accomplissement s’appelle « faiblesse ». A cause de sa faiblesse inhérente à accomplir une chose, on appelle alors cela – c’est à dire cette remise à plus tard et ce non accomplissement- faiblesse. Il s’agit de la disparition et d’absence de force à faire ce que l’Homme désire faire. 

Il ﷺ a donc cherché refuge auprès d’Allâh dans cette invocation contre la faiblesse à accomplir les adorations, à accomplir les intérêts religieux et mondains. Il s’y trouve également une recherche de refuge contre les péchés qui, lorsqu’ils sont perpétrés ou engendrés par le serviteur, sont des causes d’incapacité à obéir à Allâh, à accomplir Ses adorations et le privent de les accomplir. 

La deuxième chose contre laquelle le Prophète ﷺ a recherché refuge dans ce hadîth est la paresse. Il a été rattaché par une conjonction de coordination à la faiblesse ; iI a dit « ô Allâh, je cherche protection auprès de Toi contre la faiblesse et la paresse ». Et la paresse est la léthargie, la lassitude, l’apathie et la mollesse à accomplir les œuvres pies alors qu’on en a la capacité. C’est à dire qu’il a la capacité à agir mais qu’il est indolent, apathique, mou et léthargique : c’est ce que l’on appelle la paresse. Alors que s’il n’a pas de capacité à les accomplir, cela est appelé « faiblesse ». Ainsi, on connait la différence entre « la faiblesse » et « la paresse ». Elles ont été mentionnées ensemble ici, « ô Allâh, je cherche protection auprès de Toi contre la faiblesse et la paresse », et nous avons vu la différence qui existe entre les deux termes : « la faiblesse » étant l’absence de capacité à accomplir une chose ; alors que « la paresse » est d’avoir une capacité à l’accomplir mais d’être paresseux et fatigué à l’accomplir. Et le Prophète ﷺ a cherché refuge auprès d’Allâh contre la faiblesse et la paresse car toutes deux empêchent le serviteur d’accomplir les droits exigés et de parvenir aux choses bénéfiques.

La troisième chose contre laquelle le Prophète ﷺ a recherché refuge dans cette invocation est la poltronnerie. Il a dit « contre la poltronnerie » et la quatrième est la décrépitude. Et dans certains ahâdîths, la poltronnerie est couplée à l’avarice, « ô Allâh, je cherche refuge auprès de Toi contre la poltronnerie et l’avarice ». Ces deux termes sont donc associés : la poltronnerie étant le délaissement par le corps d’une bienfaisance alors que l’avarice est son délaissement par les biens. Le poltron ni ne s’avance ni ne fournit aucune bienfaisance par son corps, dans les affaires qui nécessitent force, volonté, résolution et courage. Il est donc poltron et ne fait pas preuve de bienfaisance avec son corps ni n’avance de bienfaisance avec son corps. Alors que l’avare est celui qui délaisse les bienfaisances avec ses biens : il n’avance alors aucune bienfaisance avec ses biens ni avec les largesses en terme de biens qu’Allâh Tabâraka wa Ta’âlã lui a octroyées. La poltronnerie et l’avarice sont conjointes dans certaines invocations, tout comme la faiblesse et la paresse le sont, et nous avons déjà défini la différence entre les deux.

La quatrième chose étant la décrépitude, il a dit « et je cherche protection auprès de Toi contre la décrépitude ». Et la décrépitude est que l’individu atteint un âge où ses sens et force s’affaiblissent, sa vue, son ouïe, ses jambes et ses mains faiblissent et où sa compréhension et sa raison se brouillent. C’est ce qui est nommé dans certaines invocations par « l’âge le plus vil » et il est aussi dit dans le Qur’ân {tel parmi vous sera reconduit jusqu’à l’âge le plus vil} (trad relat s.16, v.70). Il a certes été rapporté dans ahâdîths de chercher refuge contre cela, il ﷺ a dit « et je cherche refuge auprès de Toi contre le fait d’être ramené à l’âge le plus vil ». Ainsi, cette demande de refuge est grandiose, le musulman y cherche refuge auprès d’Allâh Tabâraka wa Ta’âlà contre la décrépitude, c’est à dire d’arriver à cette situation, cet état de sénilité, cet état où le bon sens et les agissements sont altérés, privés de sa force et de ses sens.

Cela indique donc que le fait que le musulman reste jusqu’à sa mort à jouir de ses sens et de sa force est compté comme un bienfait énorme, une grande grâce accordée par Allâh Tabâraka wa Ta’âlã à qui Il veut de Ses serviteurs. Le serviteur jouissant jusqu’à sa mort de sa force et de ses sens peut alors maintenir les obéissances à Allâh Tabâraka wa Ta’âlã et ce jusqu’à ce qu’Allâh le rappelle à Lui, tout en étant sur cet état d’obéissance maintenue. Il est d’ailleurs rapporté dans le hadîth « le meilleur des gens est celui dont la vie est longue et les actions sont bonnes ».

Et la plus imposante chose aidant à le réaliser et à atteindre cette exigence : que le musulman, durant sa jeunesse et durant sa bonne santé, préserve ses sens de l’illicite et les maintienne dans l’obéissance à Allâh Tabâraka wa Ta’âlã. C’est pourquoi il est rapporté dans le hadîth : « préserve Allâh, Il te préservera ». De même, parmi ce qui y aide à le réaliser, nous avons le soin attentif porté au dhikr d’Allâh, à la psalmodie du Qur’ân et à s’attacher aux invocations. D’ailleurs, un certain prédécesseur, à savoir AbdelMalik Ibn ‘Oumayr qu’Allâh lui fasse miséricorde, a dit : « les gens à la raison la plus perdurante sont ceux qui lisent le Qur’ân », c’est à dire ceux qui en multiplient la lecture voient leur raison perdurer sainement en vieillissant. Sha’bî, qu’Allâh lui fasse miséricorde, a dit : « celui qui lit le Qur’ân ne décrépit pas », puisque cela fait partie des causes de préservation de la raison contre la sénilité et contre une fâcheuse vieillesse.

Cinquième chose : la recherche de protection contre le châtiment de la tombe. Le Prophète ﷺ a en effet dit dans un autre hadîth : « ô gens, cherchez protection auprès d’Allâh contre le châtiment de la tombe. Certes, le châtiment de la tombe est vérité ». Et la recherche de protection contre ce châtiment est venue dans de nombreuses invocations du Prophète ﷺ. Il ﷺ a informé que les gens sont suppliciés dans leur tombe, que les pécheurs sont châtiés dans leur tombe. Ainsi, le serviteur est dans un besoin constant d’implorer Allâh Azza wa Jall, d’énormément chercher refuge auprès de Lui L’implorant de le protéger du châtiment de la tombe.

La sixième et la septième chose se trouvent dans sa parole : « et je cherche protection auprès de Toi contre les épreuves de la vie et de la mort », il s’agit d’une demande de protection contre les épreuves de la vie et de la mort. L’épreuve de la vie étant ce à quoi est confronté l’Homme durant sa vie, en termes d’épreuves mondaines, de désir et les types de tentations le touchant au cours de son existence.

Quant à l’épreuve lors de sa mort, il a été dit que son sens voulu était que l’Homme soit éprouvé lors de sa mort, c’est à dire qu’au moment de sa mort, il surviendrait ce qui le soumettrait à l’épreuve. Et cette épreuve a été annexée à la mort du fait même qu’elle lui est proche. Il s’agit donc d’une épreuve durant la vie, mais comme elle est proche de la mort, elle a été appelée « épreuve de la mort ».

C’est pourquoi on dit « ce qui est proche d’une chose, on lui donne son jugement ». Ainsi, le cas de la mort même durant la vie, ressemble à la mort et il est possible de dire que le sens voulu par « épreuves de la mort » soit l’épreuve de la tombe, celle que les gens subiront dans leur tombe. Il a d’ailleurs été rapporté de chercher protection auprès d’Allâh contre l’épreuve de la tombe, sans qu’il ne s’agisse d’une répétition de sa parole dans la même invocation « et je cherche protection auprès de Toi contre le châtiment de la tombe », étant donné que l’épreuve de la tombe est une chose et le châtiment de la tombe en est une autre. C’est pourquoi, dans certains ahâdîths, ils sont venus conjointement comme nous le verrons dans ce qui va suivre ine shâ’a Allâh. Et le châtiment de la tombe résulte de l’épreuve de la tombe.

Ainsi, il est possible de comprendre sa parole « épreuve de la vie » par épreuve de la tombe, sans que cela ne soit une répétition de sa parole « et je cherche protection auprès de Toi contre le châtiment de la tombe », puisque le châtiment de la tombe résulte de l’épreuve de la tombe. Ils seront donc d’abord éprouvés et ceux qui ne réussiront pas l’épreuve de la tombe seront châtiés. Les deux anges qui viennent mettre les gens à l’épreuve dans leur tombe sont appelés dans certains textes « les deux tentateurs ». Ils ont été nommés par « tentateur » car ils tentent les gens, c’est à dire ils les soumettent à l’épreuve dans leur tombe. Et il est possible que le sens voulu par « l’épreuve » soit les derniers instants avant la mort.

Quoi qu’il en soit, satan s’active ardemment contre l’Homme et tout particulièrement dans les derniers instants de sa vie, et « les œuvres ne dépendent que de leur fin ». L’Homme doit donc s’évertuer à combattre son âme pour l’éloigner des épreuves et de ses causes, il doit implorer Allâh Jalla wa Alà de le préserver et de l’éloigner des épreuves jusqu’à ce qu’Il reprenne son âme alors qu’Il est satisfait de lui.

Il est d’ailleurs rapporté dans « les vertus de l’imâm Ahmad », écrit par Ibn l-Jawzî, que AbdouLlâh, le fils de l’imâm Ahmad, qu’Allâh leur fasse miséricorde, a dit : « lorsque la mort se présenta à mon père, il se mit à dire « pas encore, pas encore ». Je lui dis : « ô mon cher père, que dis-tu ? ». Il répondit : « ibliss s’est installé près de moi, se mordant les doigts et me disant : ‘ô Ahmad, tu m’as échappé’. Et moi, de lui dire : ‘pas encore’ c’est-à-dire pas avant d’être mort’ ».

Ainsi, satan s’active contre l’Homme et tout particulièrement dans les derniers instants de sa vie, afin de l’éprouver sur sa religion. Le musulman recherche refuge auprès d’Allâh Azza wa Jall contre les épreuves – celles de la vie et celles de la mort- et il recherche refuge auprès d’Allâh contre le châtiment de la tombe.

Et ces recherches de préservation sont grandioses, bénies, attestées de notre noble Prophète ﷺ.

Audio: https://www.al-badr.net/detail/mUOtn1wrPf

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